samedi 9 mai 2009

Traumatisme de l'abandon chez le lapin, mythe ou réalité ?

Le lapin ne "parlant" pas, à la différence des chiens et des chats, il est parfois délicat de connaître ses sentiments, notamment sa tristesse en matière d'abandon.

Les personnes proches des animaux ont parfois tendance à faire de l'anthropomorphisme (à prêter des sentiments humains aux animaux, à faire un transfert de leurs propres joies, peurs, sur leur animal etc.), et je me suis toujours demandé si finalement un lapin qui avait passé sa vie en cage sans qu'on se préoccupe de lui pouvait vraiment se sentir déprimé par le fait d'être abandonné.

L'association a soufflé ses 6 bougies cette semaine, six mois passé à recueillir des lapins abandonnés, le temps de faire un petit bilan.

Aucun lapin ne gère ce traumatisme de la même manière : voici une petite liste des réaction que nous avons remarquées. Attention, ceci ne se veut pas exhaustif, mais simplement la traduction de notre ressenti.

- Le lapin méfiant, à tendance dominante : Ces lapins refusent de montrer la moindre faiblesse. Ils ne vont pas être forcément du genre à mordre, mais ils peuvent paraître durs, refusant les caresses, les démonstrations d'affection de la personne qui les recueille. Ils peuvent aller jusqu'à refuser toute nourriture. Cela ne signifie pas qu'ils soient forcément malheureux, ou qu'ils ne s'amusent pas, mais leurs relations avec les hommes, voire avec leurs congénères sont marqués par ce traumatisme. Ils ont probablement été choqués par leur abandon et peut-être par la mauvaise relation établie avec l'homme auparavant. Il faudra bien davantage de temps pour arriver à tisser des liens avec eux, mais il est fort à parier qu'une fois la carapace percée, ce soit des lapins particulièrement reconnaissants.
Lapins pouvant ressembler à ce profil : Totoro, Asaki, Luciole. Mina a été ainsi la première semaine de sa vie ici. Aujourd'hui, après de nombreuses semaines d'attention quotidienne et de patience, c'est une des lapines les plus géniales qu'il m'ait été donné de rencontrer. Elle nous rend au centième l'attention que nous lui portons.
Mina, une fois la confiance instaurée

- Le lapin joyeux mais indifférent : C'est un cas assez fréquent. Le lapin semble bien aller, il mange, joue, mais reste totalement indifférent à l'homme. En revanche, il peut être très agréable avec ses congénères. On dirait qu'il ne souffre absolument pas de son abandon, et c'est d'ailleurs ce que j'ai pensé longtemps. L'expérience de Mokona, qui ressemblait à ce profil, m'a fait changer d'avis. Il peut se laisser carresser mais il n'aura pas de relations plus poussée dans l'immédiat.
C'est un type de lapin avec lequel il va être difficile de créer une relation, peut-être davantage qu'avec un lapin méfiant car le malaise n'est pas directement visible. Il nous a personnellement fallu 5 mois pour tisser un vrai lien avec Mokona, car nous ne savions pas sous quel angle le prendre, nous pensions tout simplement que nous n'avions pas affaire à un lapin câlin, et nous ne voulions pas le brusquer. A la vue de ses changements de comportement récents, nous sommes bien persuadés qu'il s'agissait de cela : il sait désormais qu'il appartient à une famille qui ne le laissera jamais tomber et il nous montre désormais de l'affection et beaucoup de reconnaissance.
Lapins pouvant ressembler à ce profil :Mokona, Bonnie, Litchi, Zébulon.
Bonnie, une des premières lapines recueillies par l'association

- Lapin méfiant, à tendance dominée : Ces lapins montrent une crainte excessive en présence de l'homme. Ils s'enfuient à notre approche, ont des gestes brusques et désordonnés lorsque l'on approche notre main. Ils ne semblent se sentir bien que lorsque l'on a quitté la pièce. C'est un style de traumatisme qui est particulièrement frustrant pour les personnes qui s'en occupe car on aimerait leur faire comprendre qu'on les aime et qu'on ne leur fera pas de mal, mais il leur faut du temps pour le comprendre.
Lapins pouvant ressembler à ce profil : Gervaise, même si elle commence à prendre confiance en nous.
Gervaise qui ne semble pas rassurée par ma présence et celle de l'appareil. Notez sa position, prête à bondir

- Les lapins qui sur-investissent affectivement : C'est peut-être le type de lapin le plus sympathique pour une famille d'accueil, mais qui me paraît le plus inquiétant puisqu'il n'est pas capable de trouver en lui-même les ressources suffisantes pour surmonter le traumatisme. Ces animaux sont très demandeurs d'affections, ils semblent constament tourmentés quand ils sont loin de l'homme. Ils peuvent refuser de se nourrir si on ne s'occupe pas d'eux. Après leur adoption, ils restent généralement assez proches de l'homme.
Lapins pouvant ressembler à ce profil : Usagi, Wendy, Mina (depuis qu'elle n'est plus méfiante)
Lors de cette séance de photo pour le site d'Ani-nounou, il a été très difficile d'obtenir des clichés de Wendy car elle semblait terrorisée et ne cessait de revenir se blottir dans ma robe de chambre.

- Le cas à part de certains bébés : Quand les lapins sont bébés, ils semblent moins souffrir de l'abandon, ne serait-ce que parce qu'ils n'ont pas vécu longtemps avec leur propriétaire... Ils vivent donc leur petite vie de lapins, sans problème particulier. Certains adultes doivent probablement ressembler à ce profil, mais il ne m'a jamais été donné d'en rencontrer.
Lapins pouvant ressembler à ce profil : Noiraud, Clyde, Clochette
Clochette, en ce moment proposée à l'adoption sur notre site, et qui ne semble pas souffrir du tout de l'abandon. C'est en tout point une lapine facile et adorable.

Si quelqu'un lis ce message et a déjà recueilli plusieurs lapins abandonnés, j'aimerais partager mon expérience avec lui ou elle (savoir s'il il/elle se retrouve dans ces descriptions, etc.)

7 commentaires:

  1. c'est intéressant tout ça! Pour ma part, je ne sais pas si on peut dire que les lapins vivants en cage toute leur vie sont malheureux puisqu'ils ne connaissent que ça et n'ont pas la moindre idée de ce que signifie "liberté" et "brin d'herbe". Par contre, je pense que le traumatisme lié à l'humain peut être réel, et met souvent beaucoup de temps à s'atténuer.

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  2. En effet, mais ce qui m'a surprise c'est que les lapins que l'on récupère n'ont, pour la plupart, jamais établi de "vraie" relation avec l'être humain, et pourtant ils vivent mal leur abandon...

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  3. C'est intéressant parce que justement je comptais te contacter à ce sujet en vue d'écrire un article en commun !
    Lorsqu'on conseillé l'adoption, nous recevons souvent comme réponse "l'adoption c'ets bien mais moi je ne veux pas d'un lapin traumatisé, impossible à éduqué" comme si abandon rimait forcément avec lapin psychopate !
    Je souhaiterai écrire un articl esur ce sujet pour le site mais y ajouter le témoignage d'une association serait vraiment un plus pour convaincre les récalcitrants !
    Un peu sur le modèle de l'article écrit en collaboration avec Christine de cobaye aventure :
    http://www.margueritecie.com/cobayes.php

    il y aurait une partie basée sur des expériences et une autre purement dédiée à des conseils d'éducation et d'accueil.
    Si ça t'intéresse, j'y réfléchirai plus précisément !

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  4. Ce serait génial car on a souvent ce genre de commentaires nous aussi, ce que je peux comprendre d'ailleurs, le gens n'ont pas envie d'avoir un lapin vraiment mal en point psychologiquement. Mais je pense qu'il y a une phase d'adaptation qui est un peu plus longue que pour un autre lapin.

    Sur le site de Marguerite il y a marqué qu'il faut environs 1 mois pour un lapin pour se sentir bien ici, et on en a discuté récemment avec nos FA, et pour un lapin abandonné, j'ai l'impression que c'est un peu plus long : exemple il a fallu 2 mois à Mina pour être à ce point à l'aise chez nous. Mokona s'est tout de suite senti bien chez nous, mais il a mis 5 mois à nous rendre l'affection que nous lui prodiguons.

    Cet article m'intéresserait beaucoup, d'autant que j'ai commencé à réunir de la doc là dessus (témoignages d'adoptants et de FA).
    Tiens moi au courant!

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  5. 1 mois c'est pour un lapin bien socialisé donc pour un lapin abandonné ou adopté adulte et peu habitué au contact ça peut prendre plus de temps effectivement.
    Mon premier lapin a mis 1 mois à sortir de sa cage et 1 autre mois pour oser s'aventurer à plus d'1 m. Mais ensuite il est devenu un lapin très sociable. Il avait juste besoin d'une longue phase d'observation.
    J'ai pas mal de choses à régler au mois de mai donc je pense que je ne travaillerai sur cet article qu'en juin, je te contacterai à ce moment là.
    Merci !

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  6. Je suis très en retard mais je sais que ça t'intéresse pour ton expérience. Ce que tu décris est passionnant. Yo-shi entre dans le cas n°1 : ce lapin sentimental qui ne le montre pas, qui joue au dur et qui fuit les caresses...Il est chez nous depuis 6 mois et a eu une histoire douloureuse pendant 4 mois de sa vie ( il a 16 mois ) je pense qu'il a encore à se lâcher dans l'avenir même si beaucoup de chemin a été fait. Li-lou

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